Jazz à
Couches

Ce qui nous parvient des Etats-Unis, s’agissant de cette merveilleuse et vivante musique forgée dans une histoire tragique, demeure porteuse d’une humanité tout aussi résiliente qu’elle peut être révoltée ; lucide dans tous les cas. Ainsi chante Robert Cray qui, sur la côte ouest, a initié un « blues rock trempé de soul music », écrit Éric Doidy, fin connaisseur de ce style fondamental de la musique africaine-américaine.

Sous les doigts tellement agiles, inventifs et qui chantent de Jacky Terrasson, s’entendent d’autres courants qui ont irrigué le jazz. Le pianiste nous parle des deux rivages de l’Atlantique. Pour sa part, Hugh Coltman a senti l’importance d’aller recueillir cette essence rare qui parfume le jazz à La Nouvelle-Orléans. Depuis son retour, ce Bristolien établi en France, ouvre une page intime empreinte des épreuves apportées par le temps, avec ce côté mélancolique lancinant qui tend vers le folksong.

À présent, grâce notamment à un enregistrement bien précis, fameux ambassadeur décidément omniprésent, imaginez la découverte et la conversion au jazz d’une toute jeune Sibérienne. Ses semelles de vent ont amené la saxophoniste Olga Amelchenko à Paris où elle a rencontré Franck Tortiller. De son côté c’est un conservatoire qui a suscité cet alliage : la voix du saxophone baryton de Céline Bonacina et le timbre de la guitare électrique de Jean-Pierre Painchaud. Leur duo porte un nom d’oiseau qui se nourrit chaque jour du nectar d’innombrables fleurs. Quoi de plus inspirant ?

La volonté du festival est aussi de s’attacher aux musiciens de son voisinage. Chaque soir le in leur ouvre sa scène ; et deux après-midi le off n’est pas en reste. À bien y regarder, « Couches ne vit pas un court moment musical dont les participants aussitôt se dispersent. La plupart deviennent en quelque façon des autochtones, séduits par l’esprit d’amitié qui y règne et doit beaucoup à ce qu’on peut appeler le swing bourguignon – c’est-à-dire un rythme de vie où l’efficacité laisse tous ses droits à la détente. »

Quel bel éloge que celui que Jacques Réda écrivit dans le numéro de septembre 1989 de Jazz magazine. Mariant érudition et liberté de ton dans sa célébration du jazz, l’écrivain et poète est venu ici en voisin : depuis Saint-Léger-sur-Dheune où une solide amitié l’a lié à la famille Tortiller. Le 30 septembre 2024, Jacques Réda est parti écouter les solistes et les grands orchestres auxquels il a consacré tant de pages inspirées. Cet esprit qu’il décrit demeure.

Toute l’équipe du festival a à cœur de vous faire entrer au mieux dans son temps musical.